Homélie du Samedi 1er mai 2021
4e SEMAINE DE PAQUES B
FETE DE SAINT JOSEPH TRAVAILLEUR
" Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden, pour qu’il le travail, et le garde " (Gn 2,15)
A l'image de Saint-Joseph, Travaillons pour une nourriture qui demeure.
Hier, j’ai suivi le reportage sur la fermeture de l’usine de fabrication de pneus de Béthune. Je revois encore l’amertume et la tristesse qui transparaissait sur le visage des 863 salariés qui se sont donnés des années durant pour offrir leur compétence et leur savoir-faire à cette entreprise qui fermait définitivement ses portes. Ce qui m’a le plus marqué, c’est la présence des habitants de la région venus nombreux apporter leur soutien à ces travailleurs et pour leur dire au revoir.
La situation de pandémie que nous traversons, a d’une part provoqué la fermeture de plusieurs entreprises avec pour conséquences les licenciements et le chômage, et d’autre part, modifié les lois et même les habitudes liées du travail. Le télétravail s’est généralisé et plusieurs entreprises ont revu leur quota horaire. C’est dans cette ambiance de morosité économique et d’incertitude quant à l’avenir que le monde entier, célèbre comme chaque 1er Mai la Fête du Travail. Dans plusieurs pays, elle est habituellement consacrée aux revendications, aux défilés, à des rencontres de réactivation des promesses et de revalorisation du point indiciaire. C’est aussi l’occasion pour les gouvernants de sortir les dossiers qui trainaient dans les tiroirs afin de négocier avec les partenaires sociaux et les représentants des Syndicats. En plaçant le 1er Mai sous la figure de St Joseph travailleur en 1955, le Pape PIE XII voulait signifier que l’Eglise s’intéresse à la situation du monde ouvrier car son Fondateur Jésus a travaillé de ses mains. Ainsi cette journée nous aide à redécouvrir la vraie finalité du travail selon le plan de Dieu.
Le travail, un devoir, une vocation
Le travail est lié à la condition humaine. « L’homme est né pour travailler comme l’oiseau pour voler » disait François RABELAIS. La Bible nous enseigne que le travail est avant tout un commandement de Dieu : « Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden, pour qu’il le travail, et le garde. » (Gn 2,15)
Le travail apparaît donc comme une mission, un devoir, si bien que celui qui ne travaille pas porte atteinte au précepte divin. En effet, quand l’homme travaille, il accomplit sa vocation humaine à la suite de Dieu-Créateur. Jésus dira dans l’évangile de St Jean :« Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre. » (Jn 5, 17) Mais c’est dans le Sabbat, création de Dieu que l’homme comprend ce que le Seigneur attend de son travail. Le travail se révèle ainsi comme une nécessité liée au projet d’amour de Dieu sur nous. C’est pourquoi nous devons éviter tout ce qui dénature le travail. St Paul fera cette recommandation aux Thessaloniciens atteints par le virus de l’oisiveté et de la paresse :« nous vous donnions cet ordre : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus ». (2Th 3,10)
D’autres vices menacent le travail : le parasitisme, le manque d’engagement, de conscience professionnelle sans oublier « certains d’entre (vous) qui mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire. » (2Th3, 11) Ces vices engendrent souvent le vol, la jalousie et d’autres maux du même genre car « celui qui ne fait rien est souvent tenté de mal faire. »
Les conditions modernes du travail
L’Eglise a toujours dénoncé les situations inhumaines réservées aux travailleurs dans plusieurs pays du monde. Avant tout, le travail doit respecter la dignité de la personne humaine et être au service du bien commun. Idolâtrer le travail en le considérant comme une fin et exploiter quelqu’un dans le travail sont des attitudes contraires à la volonté de Dieu. Le travail est un moyen, un chemin d’accomplissement de notre vocation. A l’heure de la mondialisation avec le progrès des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, les entreprises insistent davantage sur la rentabilité, l’efficacité, l’expérience, les qualifications technique et professionnelle. St Joseph nous permet de cultiver la spiritualité du travail qui devient un chemin de sanctification au-delà de sa pénibilité en raison du péché originel.
Joseph modèle du travailleur
Joseph l’homme juste époux de Marie est un charpentier qui a travaillé de ses mains pour nourrir la Sainte Famille. En travaillant comme Joseph son Père adoptif, Jésus a magnifié la dignité du travail. Dans l’évangile, il est appelé fils du charpentier, il a partagé nos joies, nos souffrances et nos peines. Nous le savons tous, le travail exige des efforts, engendre des fatigues, des difficultés. Plusieurs qualités de la vie de Joseph peuvent nous aider à réussir notre vocation de travailleur : Foi, fidélité, pauvreté, humilité, espérance, patience, force d’âme, obéissance, disponibilité et sens du travail.
Rappelons-le, le travail a de la valeur quand il répond à la volonté de Dieu, à notre façon de travailler et à l’amour qu’on y met :« le secret de la vie n’est pas de faire ce qu’on veut, mais d’aimer ce que l’on fait ».
Le travail notre offrande de créature à Dieu notre Créateur
Le compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise affirme au numéro 258 que : « Le sommet de l'enseignement biblique sur le travail est le commandement du repos sabbatique. Le repos ouvre à l'homme, lié à la nécessité du travail, la perspective d'une liberté plus pleine, celle du Sabbat éternel (cf. He 4, 9-10). Le repos permet aux hommes d'évoquer et de revivre les œuvres de Dieu, de la Création à la Rédemption, de se reconnaître eux- mêmes comme son œuvre (cf. Ep 2, 10) et de rendre grâce pour leur vie et leur subsistance, à lui qui en est l'Auteur. »
« Tu es béni Seigneur Dieu de l’univers Toi qui nous donne ce pain fruit de la terre et du travail des hommes ; vin fruit de la vigne et du travail des hommes. » A chaque eucharistie nous entendons ces paroles prononcées par le prêtre à l’offertoire.
L’Eucharistie nous permet ainsi de découvrir la dimension sacrificielle du travail. Il convient de redire qu’un travail bien fait procure la joie et devient une offrande à Dieu. A chaque eucharistie nous offrons les peines, les difficultés, les souffrances, de tous les travailleurs et nous lui rendons grâce pour ce qu’il accomplit par nos humbles travaux. C’est pourquoi tout notre effort doit nous permettre de « travailler pour une nourriture qui demeure. »
A l’école de St Joseph l’homme fidèle et prudent nous pouvons comprendre que le Seigneur attend de nous un travail accompli avec humilité dans la foi, un travail efficace et discret, un travail réalisé dans un esprit de pauvreté dans la recherche de l’unique gloire de Dieu. En définitive tout l’effort de l’homme doit conduire vers Dieu, vers son œuvre qui est le travail le plus noble. Travailler aux œuvres de Dieu dit Jésus, « c’est croire en celui qu’il a envoyé. »
Prions et confions tous les travailleurs du monde, les accidentés, ceux qui meurent dans les mines au Seigneur : « Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu ! Consolide pour nous l'ouvrage de nos mains ; oui, consolide l'ouvrage de nos mains. » (Ps 89, 17)
Que St Joseph patron des travailleurs intercède pour nous et nous console dans les peines et renoncements qu’impose tout travail humain. Amen !
Père Régis KPLE