Homélie du Jeudi 27 mai 2021

8E SEMAINE ORDINAIRE B

"Que veux tu que je fasse pour toi ? " dit Jésus. (Marc 10, 52)

Jésus Lumière du monde guérit nos cécités, nous redonne vie et nous enracine dans la foi.

Que veux -tu que je fasse pour toi ?

Malgré ta cécité, comment as -tu fait pour reconnaître le Seigneur ? Le simple fait d’avoir été mis au courant de ses miracles, de ses exorcismes et de ses guérisons suffisait-il pour que tu désires tant rencontrer le Seigneur, Ô Bartimée ? Le vacarme de cette foule, obstacle sur ton chemin, ne t’ont pas empêché de crier vers Jésus ta misère, ta souffrance. Qui es-tu Bartimée ? Ton expérience nous fascine et nous plonge dans l’admiration et l’adoration !

Tout porte à croire que Bartimée avait longtemps attendu ce jour, il avait soif de voir le Visage de la miséricorde qu’est Jésus. Submergé et presque écrasé par ce cortège qui sortait de Jéricho, il se mit à crier vers le Seigneur en utilisant une appellation messianique : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi », « kyrie eleison. » Signe d’un vrai appel au secours, son cri persistant trahit à la fois sa conception de Jésus et son ardent désir de le rencontrer.

Mais l’indifférence de la foule (qui le condamne au silence) contraste avec la compassion de Jésus, qui fait appeler le malade. D’abord il s’arrête : c’est l’image du bon samaritain, il est là pour lui, il a entendu ses cris, et ses nombreux appels au secours, il a tout le temps d’aller à Jérusalem. « Appelez-le » dit-il : c’est une façon d’inviter la foule à la conversion et de l’éveiller à sa responsabilité : devenez compatissants, soyez le prochain de cet homme. Nous sommes responsables de nos frères d’une manière ou d’une autre. « Confiance, lève-toi, il t’appelle ». Cette phrase résume en quelque sorte toute la mission de Jésus ; confiance il l’a répété à plusieurs reprises, lève-toi, c’est–à dire ressuscite, tiens-toi debout, sois la gloire de Dieu ; il t’appelle, une vocation. Le changement spectaculaire de l’attitude de la foule est un vrai miracle, le premier avant même la guérison de Bartimée.

Des ténèbres à la lumière !

Dans sa joie, il jette son manteau (symbole de sa vie passée), et bondit et courut vers Jésus. Une nouvelle vie commence, le monde ancien s’en est allé. La rencontre personnelle a lieu dans ce dialogue : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Bartimée répond en toute conscience : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » Dans cette petite phrase se trouve résumé ce qui fait son chagrin, son fardeau ; c’est aussi l’expression de sa foi que Jésus ne fait que confirmer : « Va ta foi t’a sauvé. » Avec les yeux ouverts et les jambes affermies, en bon disciple, il peut s’engager désormais sur le chemin de la croix, à la suite de celui qu’il appelle « Jésus, Fils de David. » Première personne guérie à suivre librement Jésus, sa guérison est aussi le dernier acte du ministère de Jésus avant son entrée dans la ville sainte.

Aveugles nous aussi !

Faut-il le rappeler, l’indifférence, le manque de compassion sont des comportements pires que la cécité. Dans un monde de plus en plus individualiste, les nécessiteux, les « Bartimée d’aujourd’hui » peuvent nous aider à redécouvrir la foi et à faire l’expérience de l’aujourd’hui du salut de Dieu. Ils n’attendent de notre part que le respect et la compassion.

Ce sont la foi, le cri et l’endurance de Bartimée qui ont permis à la foule versatile, de retrouver le chemin de la foi et de la compassion au contact de Jésus. Posons-nous alors la question : Qui était vraiment aveugle ? Bartimée ou la foule ? Le prophète Jérémie disait :

« Écoutez donc ceci, peuple stupide et sans intelligence ! – Ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas ! » (Je 5, 21).

Antoine de Saint-Exupéry répond :

« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »

Seigneur Jésus, nous avons des yeux et nous ne voyons pas, nous avons du mal à te suivre, dépouille-nous de tout ce qui nous distrait, aide-nous à prendre conscience de nos cécités, envoie-nous ta lumière, qu’elle éclaire nos cœurs et nous donne la force de crier vers Toi. Amen !


Père Régis KPLE.