Homélie du Mercredi 26 mai 2021
8E SEMAINE ORDINAIRE B
"J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie " (Ps 26, 4).
Sur la route de Jérusalem Jésus indique le chemin de la gloire et livre la vraie compréhension du pouvoir.
La frayeur des disciples et la crainte de la foule n’ont pas empêché Jésus d’annoncer pour la troisième fois sa passion.
« Voici que nous montons à Jérusalem ». La première annonce on se souvient, avait été marquée par le refus et la résistance de Pierre, la seconde par le silence et la crainte d’interroger le Maître. L’annonce d’aujourd’hui sera suivie de l’épisode des fils de Zébédée. En réalité que demandent Jacques et Jean ? Seulement siéger à droite et à gauche de Jésus dans sa gloire. Quoi de plus légitime : habiter en présence de Jésus, vivre en communion parfaite avec le Seigneur. « La gloire de l’homme, c’est la vision de Dieu. » (St Irénée). Jésus accueille la requête des deux frères, la canalise en indiquant le meilleur chemin de la gloire. Jésus n’entre pas dans la logique du pouvoir et de la gloire, mais dans celle du service qui passe par la passion, la croix, la mort. « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » « Nous le pouvons », répondent-ils.
La démarche des deux frères provoque la jalousie des 10 autres nous dit St Marc. Plusieurs raisons pourraient expliquer cette réaction : difficulté de suivre Jésus et d’accepter la figure de Messie qu’il accomplit ; l’entente des deux frères dans une seule et même démarche : la solidarité ; le fait qu’ils les ont devancés ; peut-être qu’ils envient leur courage et aussi parce qu’ils faisaient déjà partie des trois privilégiés. Bref, tous avaient soif de pouvoir, de régner, d’être plus près de Jésus, d’être dans les grâces du patron comme on le dit communément. Afin de mettre fin à ces rivalités, Jésus les appelle comme un berger rassemble ses brebis, pour donner sa vision de la politique et clarifier sa mission messianique. Comme nous le voyons, les Apôtres ne sont pas si différents de nous, ils sont des hommes, ils poursuivent des rêves de gloire : la guerre des premières places, le goût des grandeurs. Tous sont imparfaits : les deux frères qui veulent s’élever au-dessus des 10, et les dix jaloux. Aujourd’hui encore le monde vante les valeurs comme la carrière et l’utilité, érige le profit et le succès en maîtres, si bien que notre vie se passe dans un conflit permanent entre domination et service. Qu’en est-il des valeurs comme la vérité, l’amour ?
Comme chrétiens, nous avons des raisons valables pour présenter nos demandes au Seigneur qui saura les orienter dans le sens de la volonté de Dieu. Comme disciples, notre existence chrétienne est liée à celle de Jésus qui nous entraine sur le chemin de la croix. C’est pourquoi, « si nous marchons avec Jésus, nous montons et nous trouvons les purifications qui nous conduisent vraiment à cette hauteur à laquelle l’homme est destiné : l’amitié avec Dieu lui-même » (Benoit XVI Homélie Rameaux 2007). Le psalmiste résumait déjà l’unique nécessaire que recherche l’homme dans ces mots : « J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa beauté. » (Ps 26, 4). Jésus, Fils de l’homme (par son abaissement), reçoit la gloire en serviteur, en prenant sur lui la souffrance et le péché de notre humanité. Il est venu « Servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. Dans ce sens le geste du lavement des pieds est une invitation à vivre en serviteurs, à la suite du fils de la Servante du Seigneur, Jésus-Serviteur.
Qu’il purifie nos désirs, oriente nos demandes et nous aide à le suivre dans la fidélité en toute responsabilité, afin de vivre avec lui dans son « règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix. » Amen.
Père Régis KPLE.