« Si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous. » A deux jours de l’Ascension de notre Seigneur Jésus Christ, les paroles de l’évangile de ce jour ont pour nous une résonnance particulière. « Je m’en vais maintenant ». Jésus a achevé sa mission, il retourne auprès du Père qui l’a envoyé. Mais comme nous pouvons le constater, ce départ est à la fois source de fécondité pour ses disciples (son Eglise) et condition de la venue du Saint Esprit. Toute séparation est douloureuse, c’est pourquoi l’annonce du départ du Maître engendre forcément tristesse et amertume chez les disciples. Cependant, cette tristesse n’est que passagère : « Amen, amen, je vous le dis : vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie. » (Jn 16, 20) Après sa résurrection, ils accueilleront la joie pascale et la venue de l’Esprit Saint sera aussi source de joie. Frères et Sœurs, Jésus ne nous laisse pas dans la tristesse, il nous rassure par sa parole et son départ nous est bénéfique .

En effet, le départ de Jésus est la condition de la venue du Saint Esprit : « Si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai. » Jésus a accompli sa mission dans la puissance de l’Esprit Saint. Mais son départ de ce monde inaugure le temps de l’Eglise, qui est celui de l’Esprit Saint. L’Esprit Saint poursuit l’unique mission de l’indivisible Trinité selon le plan de Dieu et sa souveraine liberté. C’est lui l’Esprit Saint, qui guide l’Eglise et oriente ses choix pour le progrès de la Bonne Nouvelle.

Jésus nous dévoile la mission du Saint Esprit dans l’évangile de ce jour : il s’agit d’une mission de « culpabilisation du monde » qui se décline sous trois aspects.

• Triple mission du Défenseur !

D’abord révéler le péché du monde : refus de croire en Jésus, refus d’accueillir son salut, son amour, refus d’accueillir la lumière. « Le menteur n’est-il pas celui qui refuse que Jésus soit le Christ ? Celui-là est l’anti-Christ : il refuse à la fois le Père et le Fils. » (1Jn 2, 22)

Ensuite en matière de justice : Jésus monte vers le Père. Dieu est fidèle à lui-même, à son projet de salut. Jésus ayant accompli son œuvre, retourne rendre compte à son Père qui l’a envoyé. Désormais, une autre forme de présence se crée entre lui et ses disciples : « Vous ne me verrez plus. » En revanche, il ne s’évade pas de notre condition, sa mission se poursuit d’une autre manière. Sais-tu que Jésus intercède pour toi, qu’il te soutient, qu’il est fidèle à son plan sur toi ? Il est là au cœur de ta vie, et c’est Lui qui te fait vivre !

Enfin en matière de jugement : le prince de ce monde est déjà jugé, car il n’a aucune prise sur Jésus (Jn 14, 30). Il était là au début de la mission de Jésus, il reviendra à l’heure de boire la coupe, mais il n’a pas le dernier mot, car Jésus est vainqueur du monde. Le prince de ce monde, c’est le diable, l’esprit des ténèbres, qui refuse la lumière, la vérité, sème le doute et trouve sa joie dans le mensonge et le mal. Nous comprenons alors pourquoi dans la dernière demande du Notre Père, nous disons : « Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre -nous du Mal. », c’est-à-dire du prince de ce monde. Chaque fois que nous nous opposons à Dieu, à ses plans, toutes les fois où nous défions la providence, nous nous rangeons du côté du prince de ce monde. N’oublions pas cette parole : « Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. » (Jn 3, 18).

Seigneur Jésus, avant de quitter ce monde, tu nous as assuré de ta présence, jusqu’à la fin des temps, aide-nous à ressentir l’effet de ta grâce, à sentir ta présence, que ton Esprit Saint nous défende et éclaire notre route dans les ténèbres de ce monde. Amen !

Père Régis KPLE